Nombre total de pages vues

samedi 28 janvier 2012

CLET ABRAHAM

Clet Abraham n'est pas à proprement parler un street artist, mais il a depuis peu ressenti le besoin d'une expression artistique développée au sein de la vie quotidienne. Son intérêt se porte actuellement sur la réalisation d'interventions urbaines (Street art). Il a collé à Florence[1], Bologne[2], Rome[3], Turin, Milan, Londres, Valence (Espagne)[4], Sassari, Douarnenez[5], Quimper[6], Audierne[7] et Paris[8] des stickers sur des panneaux signalétiques, tout en respectant leur lisibilité. Ses interventions suscitent de nombreuses questions pour leur contenu parfois provocateur. Le Christ crucifié appliqué au panneau de « voie sans issue » a notamment, en Italie, pour son côté à première vue blasphématoire, fait couler beaucoup d'encre. Voici comment l'auteur motive le sens de ses interventions : « Nous sommes toujours plus envahis par la signalétique ; l'espace urbain délivre quantité de messages basilaires et unilatéraux, certes utiles, mais pour le moins bêtifiants. Je voudrais, en revanche, qu'à l'unilatéralité du message soit substituée l'idée de réversibilité, qu'un sens nouveau s'ajoute au premier, orientant d'autres niveaux de lecture. »En octobre 2010, dans l'intention d'inviter l'institution culturelle florentine à porter son regard sur la réalité artistique contemporaine, il installe un autoportrait dans une des salles de la collection Loeser du Palazzo Vecchio, à quelques centimètres d'un Pontormo[9]. Sa plus récente installation urbaine a eu lieu dans la nuit du 19 au 20 janvier 2011. Alors que dans le Studiolo de François Ier de Médicis, l'institution accueillait le crâne diamanté de Damien Hirst, Clet a disposé sur l'une des avancées triangulaires du Ponte alle Grazie son typique petit homme noir, l'homme du commun, un pied ancré sur l'avancée et l'autre lancé dans le vide[10]. Il s'agissait de proposer une alternative populaire au crâne de la pop-star de la brit-art évalué à 100 000 000 euros, de rendre aux « hommes du commun » les bénéfices de l'art. Pour le critique italien Francesco Bonami, organisateur de l'exposition Hirst au Palazzo Vecchio, cette sculpture s'élançant dans le vide était la parfaite représentation de la chute et de l'immobilisme culturel en Toscane. Dans sa réponse à la sévère critique de Bonami, Clet a répondu que « Si mon personnage est immobile c'est qu'il est « cueilli » en train de « faire un pas ». ».Son personnage a fini par accomplir ce pas audacieux, mais en tant qu'invité officiel de la municipalité de Signa qui lui a commissionné l'installation. C'est sur le plan d'eau du Parc des Renai que Clet a décidé de faire marcher sa sculpture, en réponse à l'hypothèse pessimiste de Francesco Bonami. Le pas a été fait, il a fui le pont, et il marche désormais sur les eaux. Signa, avec cette reconnaissance officielle, a fait un pas vers le nouveau ; peut-être un pied de nez à l'immobilisme culturel en Toscane?