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samedi 4 décembre 2010

ROUGH TRADE - LONDON

Photo : Henri THUAUD

Rough Trade, le label anglais, créé en 1978, fête ses 30 ans. Depuis plusieurs décennies, la structure mythique défend et livre son lot d'artistes et d'albums aujourd'hui majeurs du rock indé. Sont passés par là : The Smiths, Robert Wyatt, The Kills, Low...and many more. Panorama subjectif avec nos 10 albums cultes du label.
Label culte créé en pleine effervescence punk, Rough Trade Records a donné ses lettres de noblesse à l' "indie rock", rien de moins. L'histoire commence en 1976. Goeff Travis ne trouve pas son compte dans la production musicale de l'époque. Il décide d'ouvrir une boutique de disques, le Rough Trade Shop, dans le West London. Mais cela ne lui suffit pas, lassé par le prog-rock de Yes diffusé sur les radios, il veut faire plus pour les artistes punk et reggae qu'il défend dans son magasin. Travis monte alors le label Rough Trade, en 1978. Premier groupe signé, les Français (!) de Métal Urbain, avec leur 45 tours "Paris Maquis".
Puis viennent Cabaret Voltaire, The Feelies, The Raincoats. Le Trade révèle ainsi de nombreux petits groupes de ce qu'on nommera ensuite la new wave ou le post punk. Avec un seul leitmotiv pour le label: la qualité. Et une esthétique du « do it yourself » héritée du mouvement punk. « Pour nous, confiait-il en 1996 au magazine Perfect Sound, ça n'avait pas d'importance si vous n'étiez pas un virtuose du clavier à la Rick Wakeman, de Yes. Tant que vous jouiez quelque chose approchant la magie des premiers Velvet, vous étiez sur la bonne voie. » Place à l'inventivité, donc, mais aussi aux...femmes. Oui, alors que le punk était surtout un truc de garçon, de « bad boy », le post punk prend vite des teintes roses grâce à Rough Trade. Un rose plus crade que sexy, et c’est tant mieux, car les filles qui débarquent sont souvent bien barrées: on se souvient des pétroleuses de Raincoats et des Slits à poil et recouvertes de boue sur la pochette, ou encore de la bizarrerie féerique des Young Marble Giants, envoutés par les comptines minimalistes de la fée Alison Statton.
Jusque-là cantonné à une relative confidentialité underground, le label passe à la vitesse supérieure au début des années 1980, avec les Smiths, un des premiers poids lourds indé de l'histoire. La poésie raffinée de Morrissey et Johnny Marr fait alors passer la new wave dans le mainstream. Soucieux de conserver son indépendance, Geoff Travis tente alors de développer une idée géniale : distribuer lui-même ses artistes. De nombreux Rough Trade Shops ouvrent alors: audacieuse tentative d'autarcie alternative, unique dans l'histoire. Mais l'entreprise, peut-être trop ambitieuse, en tout cas mal gérée, se trouve vite confrontée à des problèmes financiers. L'âge d'or du label est vite suivi d'un déclin au milieu des 1980's, qui se scinde alors en deux entités, Trade 2 et Rough Trade Recordings. En banqueroute en 1991, le label rouvre finalement à la fin des 1990's. Toujours à la pointe du mouvement, Rough Trade lance coup sur coup deux groupes prometteurs : The Strokes et The Libertines. Soit les deux formations phares du "retour du rock" des années 2000. Le label fête en 2008 ses 30 ans d'existence, l'occasion de se replonger dans son histoire en chroniques.