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vendredi 18 novembre 2011

Speedy Graphito épate la galerie

















Street Art au menu du jour avec un pionnier du genre convié par la Galerie Australe à créer à la Réunion les tableaux d’une nouvelle collection ouverte dès ce soir sur une performance pour la bonne cause, celle de Rive, qui n’en finit pas de lutter contre le sida. Rencontre avec l’alter ego français des Javier Mariscal, Keith Haring and co, Olivier Rizzo alias Speedy Graphito.

ll s’en passe de belles sur vos toiles ! Vous êtes venu nous raconter quoi ?

Des histoires d’enfance, le temps où l’on vit pleinement ses émotions sans avoir été formaté. J’aime retrouver cet état pour peindre…

Car, faut-il le préciser, vous êtes avant tout un peintre et pas un grapheur ?

Sans le moindre doute ! J’ai commencé par faire des études artistiques et j’ai aussi appris à communiquer passant mes débuts de vie active à travailler dans la pub pour vivre. Mais ce que j’ai toujours voulu et fait c’est peindre, dans la tradition des anciens Dali, Picasso, Mondrian… la génération qui a donné son âme à la peinture moderne.

Pourquoi la rue ?

C’est un accident. Je suis arrivé dans le monde de l’art juste après la figuration libre. Les portes restaient fermées et je me suis servi de la rue pour montrer mes peintures résolument figuratives reproduites au pochoir. Ce n’est pas la rue qui m’a amené à peindre. C’est juste mon métier de peintre qui a évolué. Votre inspiration ? Tout mon travail est basé sur ce que je vis. Ce ne sont donc qu’impressions et humeurs. La peinture est comme un personne avec qui je vis alors je raconte des rapports passionnels. J’ai toujours utilisé ce qui me touche. Les gens, la ville, les mentalités le marché de l’art, la vente aux enchères… Cette dernière est incontournable ?

C’est devenu un outil. Un tableau y est plus lisible qu’en expo. Avec, en plus, le relais d’internet, on touche beaucoup de monde On peut lire sur les sites consacrés que certaines de vos œuvres comme « Fascination » (2009 format 150x120) ou My neighbour is a tagger (2010 format 180x 134) ont atteint des records de vente aux enchères autour de 30 000 euros. Quid de la vente organisée ce soir au profit de Rive ? Ça n’a rien à voir, là il s’agira d’une démarche caritative comme toutes celles auxquelles je participe quatre fois par an environ. Ici c’est en partenariat avec un concessionnaire automobile qui met en vente une C3 que je vais peindre en public et qui sera donc vendue au plus offrant pour la lutte contre le sida, ainsi qu’un capot auquel j’ai déjà donné les allures d’une Batwoman, inspiré par sa forme. Personnellement je ne me sens pas concerné par la voiture, je n’ai même pas de permis ! Ce qui compte c’est le don et ceux qui en bénéficieront Définition du street art ?

C’est le côté français du graffiti américain, plus culture et plus rock ici que là-bas… Nous n’avons pas les codes ni les conventions comme en graffiti qui a quelque chose de scolaire avec des règles de surface etc. Nous c’est plutôt une histoire collective permettant entre artistes d’évaluer ce que nous réalisons dans le secret de notre atelier. On a besoin d’autres regards, de passer de l’introspection à d’autres champs d’exploration.

Des champs qui dépassent les frontières parisiennes ? Le succès venant, mes œuvres partaient et moi je restais. J’ai eu envie de voyager, d’avoir d‘autres choses à raconter alors je suis parti dans le monde et je suis passé par ici. Qu’est ce qui vous a interpellé ?

Pour moi l’île est un peu comme le jeu vidéo Donkey Kong ! Le volcan, le côté sauvage, des univers très différents et super condensés. Mais ce n’est pas cette réalité que je peins. Je suis juste un filtre et je capte des émotions, des idées, des impressions… qui me donnent à peindre de façon quasi spontanée. C’est le tableau qui m’embarque et me dit où je suis. Je reste très ouvert. Chaque tableau pour moi est un miroir devant lequel je passe mon temps et je n’ai pas besoin d’un psy pour savoir qui je suis ! J’ai travaillé ici dans trois directions. Le détournement (prendre une iconographie comme Mario ou Obelix et juste la transposer dans mon monde du street art). J’ai aussi développé le côté affiche urbaine (avec des personnages comme le Barracuda d’agences tous risques qui parle du street art comme d’un produit de conso). Et puis j’ai suivi mes envies d’abstraction. Une tentation nouvelle pour moi et ça me plait. Je me reconnais là aussi, un monde infini de lignes, d’atmosphères où chacun pourra trouver sa propre histoire. Mes tableaux renvoient à des émotions personnelles, des souvenirs… Et de l’amour !…

Comme « Le temps d’un baiser » oui, cette toile-là regroupe toutes mes techniques pochoir, peinture, bombe, coulures, abstraction, figuration… j’aime bien mélanger, avoir un barbouillage pour faire apparaître le rythme, une vie, avec des projections, comme des bénédictions. Un côté spirituel dans toute cette affaire ! Être à la Réunion représente quoi pour vous ?

J’ai la chance d’entrer dans la vie des gens et non de venir en touriste. Je peux laisser des choses sur place qui vont faire partie de la vie des petites graines qu’on sème en partage…

*Perfomance et vente aux enchères dès ce soir plus expo à voir jusqu’au 17 décembre à la Galerie Australe Rue Victor Mac Auliffe à Saint-Denis. Avec dédicace samedi de16h à19h à la galerie qui sera ouverte pour l’occasion aussi dimanches de 15h à 19h