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mercredi 26 décembre 2012

Sixto Rodriguez - L'idole inconnue

L'idole inconnue

  
Sugar Man Sixto Rodriguez             
   
Le chanteur américain d’origine mexicaine Sixto Rodriguez n’a publié que deux albums dans sa vie, Cold Fact, en 1970, et Coming From Reality, en 1971. Leur échec commercial, surprenant au regard de leur qualité artistique évidente, scelle son destin. À Detroit, sa ville natale, l’artiste ne jouera plus que par intermittence dans quelque bar local, et travaillera toute sa vie comme ouvrier sur des chantiers. Sans le savoir ni jamais toucher un dollar, il devient pourtant une star dans l’Afrique du Sud des années 1970 et 1980, alors coupée du monde par l’apartheid, mais pas indifférente à ses chansons libres et engagées, scandant la mélancolie et l’indignation sans détour, d’une voix de crooner impeccable.

Cruauté du showbiz

Il faudra attendre le milieu des années 1990, lorsque ses fans entreprennent des recherches pour en savoir plus sur leur idole, pour que le chanteur finisse par apprendre la vérité : en Afrique du Sud, ses chansons symbolisent la lutte contre l’apartheid, et son public – principalement des Blancs qui se désolaient de la rumeur le tenant pour mort immolé sur scène – le vénère et le tient pour bien plus important que les Beatles ou Elvis!
De cette incroyable méprise, le documentaire de Malik Bendjelloul explore les méandres sans pour autant lever tout le mystère. Pourquoi son label, la légendaire Motown de Detroit, n’a-t-il jamais soutenu le chanteur? En plus du racisme ambiant, Rodriguez a-t-il été victime d’une forme inavouée de censure aux États-Unis? Qui a empoché les gains générés par son immense succès sud-africain? Ces questions restent en suspens et s’il n’a rien d’ébouriffant dans sa facture visuelle, ce film impressionne fortement rien qu’à les formuler, retraçant ainsi la vertigineuse histoire de Rodriguez. Émaillé d’entretiens avec des fans, des proches et quelques gros poissons de l’industrie du disque dont la bonne foi reste à prouver, il pointe l’effroyable cruauté du showbiz sans pour autant se refuser une fin heureuse : l’arrivée triomphale de Rodriguez en 1998 à Johannesburg, ébahi mais pas amer. Tout bonnement digne et philosophe, sa guitare en bandoulière.
Depuis, il est reparti trois fois en tournée dans son lointain pays ami, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, autres confins où sa voix était également connue et aimée sans qu’il le sache…