Graffiti Art : Depuis quand travaillez-vous sur cette vente ?
Arnaud Oliveux : Nous sommes dessus depuis le printemps 2012. Nous appliquons à l’art urbain les même stratégies que pour les ventes d’art contemporain. Nous avons eu énormément de propositions de la part de clients, beaucoup de contacts, mais les opérations prennent parfois énormément de temps à se mettre en place. Avec les collectionneurs qui mettent leurs œuvres en vente c’est un travail de fond. J’ai par exemple un dossier sur lequel je travaille depuis plus d’un an et qui se concrétise finalement dans cette vente.Nous travaillons aussi avec des artistes qui nous fournissent directement leurs œuvres. Avec eux, nous avons des relations de longue date, nous sommes en perpétuel échange, c’est donc parfois plus simple qu’avec les collectionneurs, bien que ces derniers représentent la grosse majorité de nos clients.

G.A : Vous parlez d’un dossier qui a mis plus d’un an à prendre forme ?
A.O : Oui, c’est celui de la collection Tzarowski intégrant Shepard Fairey et Invader.Nous présentons également 90 prints de Fairey pour l’occasion. C’est un seul collectionneur qui met en vente une partie de sa collection. En plus, cette grande quantité colle bien au travail de l’artiste puisqu’il est basé sur les notions de propagande, de répétition, de multiplicité… C’est un élément important de son œuvre que l’on retrouve donc ici.

G.A : Parmi tous les lots en vente, y en a-t-il un dont vous êtes particulièrement fier ?
A.O : Vous savez c’est un travail de très longue haleine, il y a beaucoup de pièces que je voulais vraiment avoir, donc quand les dossiers aboutissent, c’est une énorme satisfaction. Ressortir une seule pièce c’est très difficile à brûle-pourpoint… Peut être que je pencherai pour les trois originaux que nous avons de Shepard Fairey. Mais il y a aussi le Banksy (reproduit en fin d'interview - ndlr), un original aussi, c’est important car c’est la première fois qu’une telle œuvre est mise en vente en France. Il sera intéressant de voir comment les acheteurs réagiront hors du contexte anglo-saxon…

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Shepard Fairey, Chinese Soldiers, Pochoir, peinture aérosol et collage sur papier, 110x76cm, 2007
30 000 - 40 000 euros

G.A : Et parmi ces pièces vous ne mentionnez pas la Rolls Royce peinte par JonOne ?
A.O : Disons qu’au départ la Rolls Royce devait passer dans la vente Rétromobile de février, mais le problème c’est que les clients de cette vente n’achètent pas de voitures customisées ! Ce n’est pas du tout le même type de clientèle, les deux mondes sont complètement à part, ça ne pouvait pas coller donc c’était plus logique de mettre la voiture dans notre vente du 22 janvier. Mais la Rolls Royce reste une pièce à part, elle est vendue au profit de la Fondation Abbé Pierre qui récupère 100% des gains. Artcurial ne ponctionne pas non plus de frais sur la vente de cette pièce.

G.A : Comment tout cela s’est-il monté ? La Rolls Royce, Eric Cantona, JonOne… ?
A.O : En fait la fondation Abbé Pierre a demandé à JonOne d’intervenir sur la voiture. Tout s’est fait très rapidement. Il avait déjà fait le portrait de l’Abbé Pierre, il était donc déjà impliqué si l’on peut dire dans la fondation. Autour du mois de novembre, Eric Cantona a décidé d’offrir sa Rolls Royce à la fondation et très vite l’idée a germé de faire intervenir Jon dessus, c’est aussi simple que cela.
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La Rolls Royce peinte par JonOne
mise à prix 20 000 €

G.A : Pour revenir à la vente, elle comporte 328 lots, vous ne pensez pas que c’est trop, que les gens risquent de se lasser ? Que les œuvres importantes soient noyées dans ce flot de pièces ?
A.O : Vous savez on a retenu plus de 300 lots, mais on a aussi dû en refuser énormément ! Je ne pense pas que les œuvres se nuisent, ni que le nombre nuise à la vente. Il y a des choses assez différentes, différents styles et écoles, donc tous les acheteurs sont susceptibles de trouver des œuvres qui les intéressent.L’idée ici est de créer un événement. Le marché en matière d’art urbain est très porteur et ne fait que croître ces dernières années. Le fait que nous présentions beaucoup de choses ne fait que rendre la vente encore plus attendue je pense. Toutes les expos d’art urbain qui ont eu lieu cette année ont très bien fonctionné, donc la quantité des œuvres qui seront présentées le 22 janvier reflète l’explosion du secteur finalement.Et je vais vous dire, dans les ventes d’art contemporain il y a encore plus de lots que cela ; Puis il ne faut pas oublier que si l’on enlève les 90 sérigraphies de Fairey, qui en elles mêmes sont une vente dans la vente, on retombe sur environ 230 lots, la base classique finalement. De manière plus générale, j’ai bien vu que les médias s’intéressent beaucoup à toute cette effervescence et cela ne fait qu’accroître la curiosité des clients.

Artcurial_07.jpgBansky, Flying Copper, peinture aérosol et acrylique sur carton, 205x124cm, 2003
90 000 - 120 000 euros

Suite de l'entretien jeudi 17 janvier
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